Pérégrinations autour d’un mot : JEUNESSE

| 20 MAI 2020 |

La jeunesse, c’est un trop court moment de la vie qui se mesure certes au nombre des années, à la qualité des artères aussi, et dont le souvenir est, pour la plupart, le symbole d’une forme d’introspection sur ce que l’on a été et peut-être sur ce que l’on est devenu. Dans ce cadre, il est pour beaucoup de bonne tonalité quand on a passé l’âge de la jeunesse depuis un certain temps, pour ne pas dire un temps certain, de dire « de mon temps » pour revenir au traditionnel « c’était mieux avant ».

Cette nostalgie lancinante, si elle est compréhensible à certains égards car on a toujours tendance à enjoliver le passé, parfois se transforme en procès contre la jeunesse, chaque génération décrétant que la suivante est moins bien qu’elle.

Je ne suis pas du tout d’accord avec cette vision et, même si les codes, les habitudes, les attitudes, les références sont différents, je ne pense pas que la nouvelle génération qui arrive soit pire que la précédente, bien au contraire.

Je ne vais pas revenir sur nombre d’analyses concernant les baby-boomers et cette génération « dorée » dite des soixante-huitards, mais globalement, nous laissons à nos enfants et petit-enfants un monde compliqué. Nous vivons depuis longtemps à crédit, nous avons endetté les générations futures et notre jeunesse aura à payer tout cela… à un moment ou à un autre !

La dette publique, celle de l’Etat et des collectivités locales, est colossale (environ 50 000€ par habitant) et elle s’est accrue de manière très importante depuis le début de la crise du Covid : en trois mois, nous nous sommes autant endettés que pendant les dix dernières années, et Dieu sait que nous en avons accumulé des déficits durant cette période !

La dette sociale, c’est le déficit accumulé de la sécurité sociale, de l’assurance chômage… et là aussi, nous continuons à creuser les déficits avec la terrible épreuve que nous subissons. De plus, nous les creusons plus fort et plus vite que certains partenaires européens, et c’est là que le bât blesse !

La dette générationnelle, nous en avons beaucoup parlé avec la réforme des retraites. Par rapport à celle-ci, je suis consterné et dans une incompréhension totale vis-à-vis des décisions présidentielles et gouvernementales visant à suspendre, pour ne pas dire enterrer, cette réforme qui avait pourtant été présentée comme structurelle et non pas conjoncturelle. Nous avons, parlementaires de la majorité, été loyaux, nous avons soutenu ce projet « contre vents et marées », nous avons beaucoup encaissé, nous avons beaucoup subi et maintenant, on nous dit que tout cela n’aurait servi à rien ou presque. J’ai voté cette réforme au nom de la justice sociale et de la solidarité intergénérationnelle, pour que les jeunes actifs d’aujourd’hui puissent un jour pouvoir avoir une retraite décente et surtout pour atteindre l’équilibre financier de ce futur système universel se substituant aux trop nombreux régimes actuels aussi hétéroclites qu’inégalitaires.

La dette environnementale est celle que la jeunesse a le mieux comprise. Je pense que la prise de conscience écologique, responsable et non-dogmatique, elle est en train de s’en emparer pour changer les habitudes, consommer moins d’énergie, préserver nos ressources, sauvegarder la biodiversité…

Pour toutes ces raisons, malgré le chloroforme des taux d’intérêts particulièrement bas, la jeunesse pourrait être en colère contre nous, vindicative à notre encontre, mais si tout cela ne débouche pas – et heureusement – en un règlement de compte entre générations, je pense qu’il y a des prémices à de grands bouleversements que la crise actuelle risque de révéler ou d’accélérer.

Finalement, je n’aurais qu’un reproche à faire à notre jeunesse, c’est de ne pas assez s’investir… en politique. Car la politique, quoique beaucoup en pensent, est un facteur de changement, un levier d’évolutions, un terreau de « Révolution » !

Le grand poète Paul VALERY affirmait « la jeunesse est un état d’esprit ». J’essaie de me rassurer tous les jours en y pensant, mais j’espère pour nous, pour les jeunes surtout, que le meilleur est à venir, et pour y arriver dans de bonnes conditions, croquez la vie à pleine dents, foncez… « roulez jeunesse ! »

Amitiés,
Philippe FOLLIOT

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