Exemplarité et irréprochabilité en politique

 Edito n°95 lettre d’information du 17/06/11

A l’heure où les frasques sexuelles de quelques-uns et l’avidité et la cupidité d’autres éclatent au grand jour, il relève du défi de parvenir à contrer le scepticisme qui affecte un trop grand nombre de nos contemporains. Nos concitoyens, et c’est normal et légitime, demandent toujours plus de transparence, de moralité, de probité, d’engagements à leurs élus. L’homme politique, en tant que représentant des intérêts publics se doit d’être exemplaire à tous les niveaux, et s’engager de manière pleine et entière. Telle est ma conception de l’exercice de mes mandats, quitte par là même, à consentir parfois au sacrifice de ma vie personnelle et familiale.

La frontière entre sphère publique et sphère privée est d’autant plus ténue que la limite est aisément franchie dans un sens comme dans l’autre. Car violer un espace privé est aussi facile que de s’approprier un espace public et que de s’exhiber à bon compte. L’élu doit sans cesse au quotidien exercer ses capacités de funambule, oscillant entre défense de ses engagements sur le terrain public, et préservation de sa vie privée. Vous en êtes les témoins : je me suis toujours refusé à instrumentaliser ma vie privée en général, et celle de mes enfants en particulier.

Cet équilibre, je le reconnais, est difficile à trouver. Lorsqu’il est allié à une honnêteté et à une intégrité vis-à-vis des électeurs, qui implique parfois la nécessité d’une certaine discrétion et un courage politique visant à sortir des confortables logiques d’allégeance pour prendre le risque de défendre ses opinions, on se rapproche d’un certain idéal d’exemplarité en politique. Quitte, parfois, à être seul contre tous, ou à avoir le tort d’avoir raison trop tôt. En effet, il est vrai que le comportement outrancier de quelques-uns, ou l’irresponsabilité d’autres qui par exemple jouent et perdent au « casino judiciaire » avec l’argent… du contribuable suscite critiques, colère, voire indignation.

Mais peut-on pour autant demander à l’homme politique d’être irréprochable ? La politique est trop souvent victime d’un voyeurisme malsain, se nourrissant des zones d’ombres que tout un chacun possède au fond de lui pour en faire de l’information « à sensation » ou du dénigrement en bonne et due forme. L’information relève alors plus d’une traque acharnée que d’une véritable volonté de renseigner. C’est sombrer dans une facilité délétère que de faire porter à autrui, qui plus est un autrui que l’on ne connait qu’à travers un écran, un son, ou une page, le poids de ce que l’humanité entière dissimule en elle.

Un élu doit avant tout être jugé pour son engagement et son action politique au quotidien, dans son assemblée comme sur le terrain. Cette citation du grand philosophe Kundera peut être à même d’illustrer et de conclure mon propos : « le privé et le public sont deux mondes différents par essence et le respect de cette différence est la condition sine qua non pour qu’un homme puisse vivre en homme libre ; le rideau qui sépare ces deux mondes est intouchable et les arracheurs de rideaux sont des criminels »…

 

Amitiés,

Philippe FOLLIOT.

Exemplarité et irréprochabilité en politique