En Commission Défense sur le projet de loi actualisant la programmation militaire 2015-2019

LPM 2014-2019Le mercredi 27 mai au soir se tenait la Commission Défense durant laquelle les députés membres ont étudié, amendé puis adopté le projet de loi actualisant la programmation militaire pour la période 2015-2019. Alors que les députés UMP venaient de quitter la salle avec fracas, Philippe FOLLIOT a pris la parole pour représenter la position mesuré de l’UDI sur ce texte. Le député de la 1ere circonscription du Tarn avait, à cette occasion, déposé des amendements cosignés par d’autres députés UDI et UMP. Trois d’entre-eux ont été adoptés contre trois autres rejetés, preuve des efforts fournis par l’UDI pour participer au mieux à l’activité législative dans un rôle d’opposition constructive et non pas stérile.

Ci-dessous, vous pouvez découvrir les mots employés par Philippe FOLLIOT dans ce débat ainsi que la vidéo de son intervention.

 

 

M. Philippe Folliot. En 2013, lors de l’examen du projet de loi de programmation militaire, le groupe UDI avait fait part de ses inquiétudes et de ses réserves, qui justifiaient notre opposition : nous avions notamment souligné le caractère aléatoire de plusieurs recettes dites exceptionnelles, qui obligerait inévitablement à revoir la LPM avant son terme du fait de l’inadéquation entre les objectifs annoncés et les moyens mis en avant. Force est de constater que les faits nous ont malheureusement donné raison et qu’il est nécessaire de revoir la LPM initiale à l’aune de deux éléments.

Le premier tient à l’action soutenue de nos forces dans le cadre des opérations extérieures au Mali, en Centrafrique, dans toute la bande sahélo-saharienne et en Irak. On ne peut du reste que souligner le professionnalisme, l’engagement et le dévouement dont font preuve nos troupes. Le second tient aux tragiques événements qui ont endeuillé la France au mois de janvier dernier et qui ont conduit le Gouvernement à déployer dans l’urgence 10 000 puis 7 000 personnels dans le cadre de ce qui est devenu l’opération Sentinelle. Du coup, il est apparu nécessaire de rectifier l’orientation de la loi de programmation militaire « initiale » pour relever ces nouveaux défis et répondre aux nouveaux besoins d’engagement de nos forces armées.

Force est de constater que certaines interrogations, si elles ne sont pas nouvelles, ont tendance à s’aggraver : les phénomènes de report de charge notamment sont toujours aussi inquiétants et lourds d’incertitude pour l’avenir. Toutefois ce projet de loi d’actualisation, sans pour autant les faire disparaître, est de nature à réduire les aléas – nombreux – qui pèsent sur la réalisation de la LPM : c’est un progrès que nous tenons à saluer, quand bien même ces efforts sont loin de corriger toutes les lacunes de la LPM.

Notre attitude sera, comme toujours, constructive. Nous avons déposé des amendements, que nous défendrons en espérant les voir adopter, particulièrement ceux qui visent à impulser une nouvelle dynamique à l’Europe de la défense – chacun sait que l’Europe fait partie de l’ADN de la famille centriste.

Pour ce qui est du droit d’association des militaires, notre commission a procédé à de nombreuses auditions qui ont permis d’effectuer un travail sérieux et de trouver entre le statu quo et la syndicalisation un équilibre que nous approuvons.

Dans le cadre de ses propositions dans le domaine de la défense, qu’elle avait rendues publiques il y a dix-huit mois, l’UDI avait soutenu la transposition en métropole du service militaire adapté, qui est très apprécié outre-mer. Le projet de loi va dans ce sens : c’est pourquoi nous approuvons l’expérimentation qu’il prévoit. Nous regrettons en revanche que le ministère de la Défense supporte seul la charge financière d’une expérimentation qui, à nos yeux, relève plutôt de l’interministériel compte tenu des publics ciblés : le rattrapage de jeunes en difficulté ne fait pas partie des missions premières de la défense. Nous soutiendrons toutefois cette mesure.

Nos inquiétudes sur la place de la France dans le concert des nations demeurent vives sur de nombreux points. Ce texte révèle toutefois un début de prise de conscience collective, à nos yeux essentielle : on ne peut plus continuer à réduire les moyens de la défense, qui relève des missions régaliennes de l’État. Il est en effet nécessaire d’adapter nos moyens à un monde toujours plus instable et dangereux, où existent de nombreux risques asymétriques. Les moyens que propose le présent texte sont tout juste suffisants : ils ne sont pas à la hauteur de nos ambitions ni de nos enjeux.

Nous voudrions, monsieur le ministre, appeler solennellement votre attention sur le fait que si nos forces militaires, comme l’a souligné, lors de son audition, le chef d’état-major des armées, ont désormais trois missions – une de préparation opérationnelle, une d’intervention, et une du type Sentinelle –, il convient de remarquer que seule l’armée peut assurer les deux premières, alors que les forces de sécurité intérieure – la gendarmerie, qui est sous statut militaire, ou la police –, voire des sociétés privées, pourraient fort bien assurer la troisième. Nous devons veiller aux conséquences à moyen terme pour nos forces armées d’une mission à caractère exceptionnel, qu’il ne faudrait pas inscrire dans la durée.

L’UDI participera de façon constructive tant aux travaux de la commission qu’aux débats en séance plénière. Nous ne nous opposerons pas à l’adoption de ce texte. Nous attendons, pour décider de notre vote final, de connaître le sort qui sera réservé à nos amendements.

En Commission Défense sur le projet de loi actualisant la programmation militaire 2015-2019