Démocratie locale en danger

© The Sunday Guardian
 
Ces derniers temps, les actes d’interpellations fortes, d’intimidations, voire de menaces ou d’agressions à l’encontre des élus ont tendance à se multiplier. Cet inquiétant phénomène national touche aussi notre département. Vous connaissez tous des exemples d’élus concernés, ici pour un méthaniseur, là une source d’eau minérale, plus loin pour l’autoroute Castres-Toulouse, Sivens, mais c’est aussi la construction d’un collège, d’une école, l’implantation d’une entreprise, la création d’une nouvelle route, zone d’activités, mais aussi un changement de sens de circulation, le bruit de la salle des fêtes ou d’une cloche de l’église, de l’usage du droit de préemption… Presque tout est sujet à contestation.
 
En démocratie, il est normal que la pluralité des opinions s’expriment mais cela doit se faire dans le cadre du droit, de la légalité et rien de plus. Sur fond de diktat des réseaux sociaux, d’utilisation d’associations ou de collectifs dits bien entendu “d’intérêt général”, de mobilisations ou de pressions par définition “citoyennes”, les élus sont pressurisés, harcelés et parfois agressés. Tout ceci n’est pas normal et ce pour deux raisons.
 
Le mandat d’élu municipal est lourd, difficile, quasi bénévole, et ne saurait, parce qu’ “à portée d’engueulade”, être pris pour cible. Un maire et son conseil municipal agissent avec une certaine vision de l’intérêt général pour une durée déterminée, six ans, et ceux qui ne sont pas d’accord peuvent toujours se présenter l’élection d’après et essayer dans un nouveau mandat de faire mieux. Ça c’est la démocratie !
 
Ensuite, nous sommes dans un système de démocratie représentative, de par le suffrage universel, la légitimité est donnée aux élus pour un temps donné, dans un cadre donné (celui de la loi et des compétences) et en fonction d’un programme donné (celui de la liste aux élections mais bien entendu il n’est pas gravé dans le marbre et doit s’adapter en fonction de la situation (crise COVID, augmentation des coûts de l’énergie, etc)).
 
Un système dans lequel une contestation par quelques-uns utilisant tous les moyens (théorie de la minorité agressante) qui mettrait en cause quasi systématiquement les décisions des élus nous entrainerait sur une pente très dangereuse et nous éloignerait de la démocratie représentative.
Si chaque fois d’un projet structurant se dessine, celui-ci est remis en cause de plus en plus pour des raisons dites environnementales, nous gageons l’avenir du territoire.
 
Si par le passé, nos anciens n’avaient pas construit de nombreux barrages, comment notre département aurait-il fait face à la terrible canicule et sécheresse que nous avons connu cet été ? Si l’autoroute Albi Toulouse n’avait pas été construite, la basse vallée du Tarn connaitrait-elle la même dynamique ? Si on devait construire la cathédrale d’Albi aujourd’hui, un collectif ne s’élèverait-il pas contre un projet monumental et écocide ?…
 
Quand on additionne à cela les actes individuels de ceux qui interpellent parfois violemment les élus pour des problématiques individuelles (place de parking devant chez soi, élagage ou non d’un arbre, utilisation abusive d’un patus ou chemin rural…) on voit que la coupe est bientôt pleine.
Le Sénat est la chambre des territoires et nous sénateurs nous nous devons donc dire tout haut ce que nombre d’élus nous disent tout bas et relatif à une inquiétude pour l’avenir et la fonction d’élu. Les collectivités ont suffisamment de problèmes à gérer (conséquences de la loi NOTRE, Zéro artificialisation nette, explosion du coût de l’énergie, etc.) sans en rajouter.
 
J’ai déjà écrit que les maires étaient les sentinelles de la République, les communes le pivot de notre démocratie locale, plus que jamais il faut les préserver et j’en appelle à chacune et chacun à avoir le plus grand RESPECT démocratique et républicain pour nos élus locaux car il en va de la vitalité voire de la pérennité de notre démocratie.
 
Amitiés,
 
Philippe Folliot
Démocratie locale en danger