Salon de l’agriculture ou agriculture de salon ?

Édito de la lettre d’information n°109 du 10 février 2012

Les relations des Français envers leur agriculture sont complexes et paradoxales. Le succès chaque année renouvelé du salon de l’agriculture relève-t-il du profond attachement du pays à ses campagnes ou de la visite ethnologique à sa paysannerie ? Certainement un peu des deux.

Notre vieux pays, façonné par la main de l’homme, a une fascination encore vive pour ce temps révolu mais pas si lointain, où la France était essentiellement rurale et agricole. Aujourd’hui elle est urbaine et citadine, et nous portons un regard à la fois condescendant et décalé sur la France des terroirs. Aujourd’hui, il faudrait se nourrir avec des produits de qualité, respectueux de l’environnement – voire « bio » – mais à prix bas et sans trop de subventions publiques. Quadrature du cercle ou contradictions ?

C’est tout cela à la fois, car demander aux agriculteurs la qualité AOC dans un parc naturel, des engagements « bio » et des prix bas sans subventions, c’est faire preuve de cécité ou de provocation tant tout cela est impossible. Chacun doit comprendre que dans ce domaine comme dans d’autres, la qualité a un prix tout comme le respect de l’environnement a un prix.

Le problème de l’Homo citadinus est qu’il rechigne à payer ce qu’il mange à son juste coût (la part consacrée à l’alimentation dans le budget des ménages n’a cessé de baisser depuis 30 ans), mais accepte en revanche sans broncher de voir exploser ses factures de téléphone, internet, TV… Ce que l’agriculteur veut, c’est retirer un prix justement rémunérateur de ce qu’il produit ; c’est pouvoir se passer des subventions et autres primes et quotas qui lui compliquent la vie, se débarrasser de toutes ces paperasseries ; c’est que les distributeurs arrêtent de l’assassiner avec des marges pharaoniques et souvent indécentes. L’agriculteur veut vivre dignement de son travail, 50 ans après que la révolution agricole nous ait permis d’assurer qualité, diversité et sécurité alimentaire. Aujourd’hui, c’est moins de 4% de la population active qui nous assure cela.

Finalement, j’ai arpenté le salon de l’agriculture serein à la rencontre des éleveurs et producteurs tarnais qui ont démontré l’excellence de leur savoir-faire. A nous maintenant de le faire savoir !

 

Amitiés,

Philippe Folliot.

Salon de l’agriculture ou agriculture de salon ?