Déplacement dans les Terres Australes Francaises

Philippe FOLLIOT aux côtés de Monsieur Pierre SEGUIN, Contrôleur général des armées à Crozet
Philippe FOLLIOT aux côtés de Monsieur Pierre SEGUIN, Contrôleur général des armées à Crozet

 

Kerguelen, mythiques Kerguelen… Il y a quelques heures, je viens d’avoir le privilège de fouler cet archipel du bout du monde. Je pèse mes mots du « bout du monde » car il ne reste que peu d’endroits sur cette planète où il n’y ait un aéroport qui, d’un coup d’aile, vous ramène chez vous en quelques heures. Venir aux Kerguelen, c’est un peu voyager « hors du temps » : douze jours depuis l’île de la Réunion (escale à Crozet comprise) pour atteindre sa destination n’est pas dans les canons de la modernité où tout doit être rapide, instantané, voire… virtuel ! C’est tout d’abord un salutaire sevrage que je me suis imposé : pas de téléphone (pas de réseau), pas d’internet (très faible débit, et à de très rares occasions), pas d’alertes infos, pas de télévision, pas de journaux, pas de… politique (!) ; une exclusion temporaire du monde mais pas de la société…

C’est au contraire un retour aux fondamentaux que des journées de navi-gation à bord du « Marion Dufresne II » : hormis les immuables horaires de repas (deuxième service 12h15/19h15), pas de montre, pas de contrainte horaire, une forme de liberté confinée faite de lectures, de conférences, de documentaires ; de films, de sport (il y a une salle de musculation… !), de dialogues autour d’un verre et de méditations sur le pont face à l’immensité de l’Océan. A bord, les quatre groupes font plus que cohabiter, ils s’imprègnent de cet esprit austral si particulier qui fait que l’expérience du « Marion » n’est comparable à nulle autre : l’équipage derrière le commandant, les personnels des TAAF autour de l’OPEA (chef des opérations), les scientifiques (IPEV…) et les visiteurs. Avec le contrôleur général des Armées Pierre Seguin, membre du Conseil consultatif des TAAF, nous sommes les deux néophytes « officiels » de ce voyage, à la fois à l’intérieur et à la marge des quatre groupes. Cette vie de petite communauté au demeurant très sympathique est plutôt agréable et dépaysante !

En fait, que ce soit pour une rotation d’un mois ou pour un séjour d’une année, si on va aux Australes, c’est pour voir de somptueux paysages, manchots, éléphants de mer, albatros… On en revient aussi, et surtout, avec des souvenirs de rencontres : « Il n’est de richesse que d’hommes » disait Jean Bodin, c’est d’autant plus vrai dans ces contrées où ils sont si peu nombreux. Ces jours de semi-léthargie ont égayé mon appétit de lecture, mais anesthésié mon envie d’écriture puisqu’il a fallu ce laps de temps, une insomnie et une nuit à terre pour que je trouve le moyen de faire glisser le stylo sur le papier…

 

 

PF Castres Kerguelen
Castres 😉 le Tarn n’est pas loin… Castres et le CO à 12801 km de la Nouvelle Amsterdam

J’espère que la relative difficulté d’exécuter l’art de la calligraphie sur un bateau qui, dans ces tumultueuses et indomptables mers australes, tangage ou roulis, ne sera pas l’excuse qui va m’empêcher de poursuivre cet exercice salutaire d’écriture, moi qui suis, comme tout un chacun le sait, à jamais fâché avec… le clavier ! Vous serez les premières victimes de mes « errements » et donc n’aurez pas droit à un vrai et quotidien journal de bord, et devrez vous contenter de celui très bien fait du Marion Dufresne II.

Enfin, je partage avec vous les quelques observations que j’ai fait parvenir, à chaud, à Madame George PAU-LANGEVIN, Ministre des Outre-mer, à propos de ce que j’ai pu constater lors de ce déplacement (Retrouvez ce courrier en cliquant sur le lien).

Amitiés,

Philippe FOLLIOT

 

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