Philippe FOLLIOT interroge Monsieur Jean-Yves LE DRIAN, Ministre de la Défense

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Le mardi 4 octobre 2016, Philippe FOLLIOT, Secrétaire de la commission de la Défense nationale et des forces armées, a interrogé Monsieur Jean-Yves LE DRIAN, Ministre de la Défense, au sujet du budget pour l’année 2017.

Compte-tenu des contraintes financières, ce budget apparaît moins bon que ce qui aurait été souhaitable mais tout de même mieux que ce à quoi certains auraient pu s’attendre. Ainsi, dans le contexte actuel, les français n’auraient pas compris que la défense ne soit pas considéré comme un domaine sécuritaire dans le budget de l’Etat.

Au-delà de ces aspects financiers, Philippe FOLLIOT a souhaité souligné l’état de fatigue de nos soldats qui affectent leurs capacités de préparation et d’intervention ainsi que l’obsolescence des matériels qui rendent encore plus difficiles les conditions d’évolutions des militaires français.

Vous trouverez ci-joint le texte de l’intervention de Philippe FOLLIOT et la réponse de Monsieur le Ministre :

Philippe Folliot.Pour les uns, le verre est à moitié vide, pour les autres, il est à moitié plein. Ce budget est peut-être moins bon que ce qui aurait été souhaitable, mais il est meilleur que ce qu’il aurait pu être, compte tenu des contraintes financières que nous connaissons.

Il est vrai, Monsieur le ministre, que nos concitoyens n’auraient pas compris qu’au moment où la France est victime d’une vague d’attentats, les forces armées ne puissent pas être mobilisées pour assurer la protection du territoire national. Mais ce qui pose problème, au-delà de l’aspect financier, c’est l’état de fatigue dans lequel se trouvent nos hommes. De fait, la prolongation de l’opération Sentinelle a pour conséquence de les priver d’un certain nombre de plages de repos. Elle affecte, en outre, la préparation opérationnelle de nos forces, de sorte que, demain ou après-demain, nos capacités d’intervention en opération extérieure risquent d’être quelque peu obérées. Si l’on ajoute à cela l’obsolescence d’un certain nombre de matériels et les difficultés que rencontre, malgré les efforts consentis, chacune des armes, nous risquons de nous trouver, à moyen terme, face à une situation compliquée qui inspire du ressentiment à nos hommes. D’autant que ceux-ci sont souvent engagés à contre-emploi. Or, si vous demandez aux attaquants d’une équipe de football de toujours jouer en défense, ils risquent, à moyen terme, d’être moins efficaces devant le but… Je sais que vous en avez conscience. Il est essentiel que ce dispositif évolue à terme pour tenir compte de ces difficultés.

 

Monsieur le Ministre : Monsieur Folliot, sur la difficulté dont vous faites état, c’est-à-dire une certaine fatigue, des contraintes, des sujétions très fortes imposées aux militaires affectés à l’opération Sentinelle, je répondrai deux choses. Tout d’abord, il ne faut pas imaginer que nous allons baisser la garde sur le territoire national. L’opération Sentinelle est donc appelée à se prolonger. Ses effectifs seront sans doute un peu inférieurs à 10 000 hommes, mais nos forces maintiendront des effectifs de sécurité disponibles en urgence. Cependant, les contraintes que vous évoquez seront, je l’espère, sensiblement allégées à la fin de 2016, car nous disposerons alors de l’ensemble des effectifs recrutés pour renforcer la FOT. Ceux-ci seront en effet formés au cours du premier semestre de 2017 et seront disponibles au cours de cette même année pour les opérations de sécurité intérieure. C’est, je le reconnais, un moment difficile à passer, qui justifie du reste les dispositifs de compensation que j’ai évoqués tout à l’heure. J’ajoute que l’augmentation des effectifs de la FOT nous permettra également de retrouver un rythme de préparation opérationnelle que nous avons perdu au cours de l’année 2015. Je comprends que la situation actuelle puisse affecter le moral des troupes, mais ajouter une cinquième unité élémentaire dans un régiment – ce qui n’est pas arrivé depuis longtemps – devrait l’améliorer.

Philippe FOLLIOT interroge Monsieur Jean-Yves LE DRIAN, Ministre de la Défense