Pérégrinations autour d’un mot : TERRE

| 5 JUIN 2020 |

Ce n’est pas dans sa version « planète » que nous allons aborder la Terre, mais plutôt sous l’angle terroir, terrain, territoire, qui sont les appendices d’une même famille autour du mot terre.

Il y a celle qui « colle aux pieds », au sens propre comme au figuré, celle qui raccroche aux réalités du quotidien – ne dit-on pas du reste « garder les pieds sur terre » quand on a tendance à vouloir « marcher sur la lune ».

Ce lien à la terre, pour moi tout d’abord, il est physique, charnel, ne serait-ce que par la pratique comme des millions de nos concitoyens du jardinage. J’ai toujours eu le goût des fleurs, des belles plantes, d’enraciner un arbre et plus récemment de cultiver un potager. Je parle souvent du lien au temps et du rythme immuable des saisons, qui mieux que le jardinier, et a fortiori le paysan, pour avoir conscience de cela, pour sentir le temps, pour respecter le temps.

Par capillarité, ce lien à la terre se transforme en amour de son terroir, de son territoire, de son « Heimat ». Fidèle à mes convictions mais aussi à ma montagne et à mon département, c’est là une déclinaison de cet attachement à « ma terre », à « ma France » aussi !

Bien entendu, cela ne veut pas dire que l’on se désintéresse de la Terre en général, des maux de la Terre en général, des problèmes de la Terre en général, et ce bien au contraire, prise en compte à l’échelle de la planète, des enjeux géostratégiques, militaires, économiques, sociaux, de développement, environnementaux… sont, vous pouvez en témoigner, au cœur de mes préoccupations. Elu de la Nation, je les décline à l’échelle du pays, voire de l’Europe, mais le plus souvent c’est au niveau du territoire que cela se joue car c’est à cette échelle que les conséquences comme les solutions du tout se font le plus ressentir.

En fait, je pense qu’il n’y a pas de secrets : le révélateur de l’attachement au territoire ou au terroir, surtout pour un élu, c’est le travail de… terrain ! Un pied dans le monde, à l’OTAN, à Paris, à l’Assemblée nationale, et l’autre dans le Tarn, au plus près des miens. J’ai toujours voulu et j’espère réussi à garder cet équilibre, marqué que je l’ai été par la remarque maintes fois entendue sur un ex-élu toujours prompt à donner des leçons qui restera dans la postérité locale pour ses « bons mots » peut-être, pour sa suffisance assurément, « on le voyait la veille des élections, on l’appelait quand on n’avait rien à lui demander ». Autre temps, autres mœurs, je pense que les choses ont bien changé, et si j’ai toujours été réélu à l’Assemblée, y compris contre des vagues et vents contraires, c’est à cet enracinement de terrain que je le dois, et cela je ne l’ai jamais oublié.

Je reconnais que quelques-uns de mes collègues ne partagent pas cette vision, pour eux un député doit être législateur, point-barre. Il est vrai que quand vous êtes élu d’une circonscription essentiellement ou totalement urbaine, cela peut à la limite se comprendre, mais je leur dis que rien ne vaut le lien au terrain, la bonne compréhension du territoire, l’attachement au terroir, pour bien légiférer !

Il faut dire que c’est prenant et cela demande un investissement personnel que d’organiser des permanences, participer à des visites, réunions, inaugurations, manifestations… mais je le dis aussi : c’est passionnant ! C’est ainsi que se construit un lien fort, durable, excusez-moi de le redire charnel, avec un territoire et ses habitants. « Un Député pour tous », c’est cette volonté de transcender clivages et divisions ; « proche de vous », c’est ce sens du contact, ce lien au territoire, à la terre, qui nous unit.

Mon intime conviction est que tout est question d’équilibre dans la vie, dans la vie politique notamment, action/réflexion, local/global, immédiateté/temporalité, lecture/écriture… Cet équilibre il se garde, comme je tente toujours de le garder « les pieds sur terre » !

Amitiés, 
Philippe FOLLIOT

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