Pérégrinations autour d’un mot : ÉGALITÉ

| 26 MAR. 2020 |

La France est un pays qui a toujours été épris d’égalité. Pour marquer dans le marbre cette aspiration, les révolutionnaires en ont fait la poutre maîtresse de la Première Déclaration Universelle des Droits de l’Homme et du Citoyen votée dans la nuit du 26 août 1789 « Les Hommes naissent et demeurent libres et égaux en droits » (article 1).

Certains vous diraient à certains égards égalitarisme, tant le taux de nos prélèvements obligatoires (l’argent qui par les impôts et taxes est prélevé pour être redistribué) est parmi les plus élevés en Europe, pour ne pas dire au monde. Beaucoup se sont interrogés sur l’efficacité de ce système qui est accusé de coûter cher et de pas assez redistribuer.

Pendant longtemps, nous avons pensé avoir un très performant système éducatif, un très protecteur système social, un très envié système de santé.

Tous les grands classements internationaux, même si pour moi certains de leurs critères sont à relativiser, indiquent que notre système éducatif est moins performant qu’on ne le pense et que la courbe des moyens affectés ne s’est pas traduite en proportion par une diminution du taux d’exclus du système qui oscille toujours autour de 10% des jeunes qui arrivent à l’âge adulte sans maîtriser les fondamentaux (lecture, écriture, calcul).

Notre système social est, lui, au cœur de bien des polémiques au regard de son cadre jugé par certains tellement protecteur qu’il enfermerait nombre de bénéficiaires dans l’assistanat, ce qui du reste me semble en partie vraie sans pour autant devoir être généralisé.

Avec la crise actuelle du coronavirus, notre système de santé déjà sous tension va passer au révélateur d’une crise exceptionnelle face à laquelle il est plus ou moins bien préparé. L’hôpital, l’hôpital public précisément, est au cœur de ces enjeux, et face à cette situation, l’implication exemplaire des professionnels de santé mérite respect et encouragements.

Ne nous y trompons pas, les difficiles, coûteuses et courageuses décisions du Président et du gouvernement visant à imposer le confinement, à « mettre le pays sous cloche », ont pour but premier de lisser le pic épidémique et d’éviter un engorgement majeur des urgences et services de réanimation qui obligerait à faire un terrible et macabre choix de prise en charge des malades. L’ensemble de la chaîne de santé et de solidarité est donc sous tension, du maintien à domicile de la personne âgée ou handicapée au service de pointe d’un CHU en passant par les EHPAD de nos cantons. Pour tous, les prochaines semaines seront cruciales pour l’avenir.

La vraie égalité dans notre pays n’est pas éducative (malgré la carte scolaire, les élites se retrouvent dans les bonnes écoles des beaux quartiers) ni sociale (les inégalités ont une tendance à progresser) mais devant la santé. Le gouvernement et l’ensemble de la majorité parlementaire, parce qu’ils en sont bien conscients et libre de l’écrire, s’attèlent à mettre en œuvre d’ambitieuses réformes systémiques pour faire progresser le champ de ces égalités.

Notre système aujourd’hui, et c’est un honneur, fait que vous soyez « puissant ou misérable », PDG ou ouvrier, vous serez pris en charge et soigné de la même façon. Il est heureux de préserver cet axiome de notre pacte social d’autant plus que le virus, lui, ne fait pas de différence entre gens riches et pauvres, jeunes et vieux, solides et fragiles… Il frappe indistinctement de manière parfaitement… égalitaire !

« La loi de la mort rend tous les hommes égaux » dit le proverbe latin. « La loi de l’amour aussi » me permettrais-je d’ajouter. 

Amitiés,
Philippe FOLLIOT

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