Pérégrinations autour d’un mot : DÉPENDANCE

| 25 MAI 2020 |

Une des caractéristiques de notre société, c’est l’extraordinaire progression de l’espérance de vie en quelques décennies. Alors qu’au début du XXe siècle elle a beaucoup progressé de par la chute vertigineuse de la mortalité infantile puis les progrès de l’hygiène et de la médecine, cette tendance ne cesse de se poursuivre : en 1960, elle était d’un peu moins de 70 ans, aujourd’hui elle est de 82,5 ans (un peu moins de 80 ans chez les hommes et un peu plus de 85 ans chez les femmes).

Une des conséquences de cette augmentation sans précédent dans l’histoire de l’humanité, au-delà des incidences financières sur l’équilibre des régimes de retraite, c’est le fait que de plus en plus de nos concitoyens se trouvent à un moment ou à un autre confrontés au problème de la dépendance.

En fait, et j’ai déjà eu l’occasion d’en parler, ces situations de dépendance ont de tout temps existé, mais pendant des siècles et des siècles elles ont été traitées exclusivement via la solidarité intergénérationnelle intrafamiliale. Aujourd’hui, le phénomène se caractérise par son ampleur et le fait que, généralement, c’est hors de la famille que sont traitées ces questions. Pour cela, il existe deux solutions complémentaires voire successives, à savoir les aides au maintien à domicile et les EHPAD (Etablissements d’Hébergement pour Personnes Âgées Dépendantes). Président du Conseil d’administration d’une de ces structures, je sais les difficultés organisationnelles, fonctionnelles et financières auxquelles elles doivent faire face comme, du reste, les associations d’aides à domicile qui, malgré l’exceptionnelle implication des bénévoles, ont de plus en plus de mal à répondre à leurs missions tout en équilibrant leurs comptes.

L’idée de créer un cinquième risque au niveau de la sécurité sociale aux côtés des branches maladie, accidents du travail et maladies professionnelles, vieillesse et veuvage (retraite) et famille (dont handicap, logement…) est une ancienne idée initiée en 2011 avant d’être abandonnée quelques mois plus tard faute de… financements. Il semblerait qu’au travers d’un prochain projet de loi le Gouvernement veuille s’attaquer durablement, pour ne pas dire définitivement, à ce problème, et ce serait très bien, d’autant plus que pas une famille de ce pays n’a été, est ou sera concernée par de telles situations !

Maintenant, la vraie question qui se pose, surtout après cette crise du Covid où ont été grandement ouvertes les vannes du déficit, c’est celle du financement de cette loi, car tout texte voté sans financement approprié et pérenne serait contre-productif. Comme le Gouvernement a exclu d’augmenter les impôts et qu’il semble difficile de faire des baisses significatives de dépenses par ailleurs pour financer ces mesures, il va falloir trouver une autre solution.

Après le drame de la canicule de 2003 qui entraîna, ne l’oublions pas, la mort de près de 20 000 personnes âgées essentiellement, pour contribuer au financement des dépenses d’autonomie, a été créée une journée de solidarité, qui a fait du reste beaucoup débat, et qui sert à financer la Caisse nationale de solidarité pour l’autonomie. Sans vouloir rentrer dans un complexe débat de fond, j’ai l’intime conviction qu’il faut simplifier les structures, s’appuyer sur certaines existantes, et pour régler la question des moyens je propose une mesure : que deux jours fériés ne le soient plus (une fête religieuse, l’Assomption le 15 août par exemple, et une commémoration civile, comme le 8 mai qui n’était pas férié avant 1981) et que le bénéfice de ces deux journées de travail supplémentaires (6 Milliards d’euros environ) soit entièrement reversé à la dépendance.

En aidant ses anciens, en soutenant ceux qui s’en occupent, on s’aide aussi et surtout soi-même !

Amitiés,
Philippe FOLLIOT

Pérégrinations autour d’un mot : DÉPENDANCE