| 28 MAI 2020 |
Visiblement, nous sommes pétris de contradictions et, souvent, nous voulons tout et son contraire. Le fait de se mettre en opposition avec ce que l’on dit ou fait est plus courant qu’on ne le pense. Bien entendu, en démocratie, il y faut qu’il y ait contradictions, une opposition faite aux idées ou paroles d’autrui, s’en est la base, et c’est normal. Mais quand cela sort du champ des idées pour aller vers celui de l’intérêt personnel, cela commence à poser question. A mon humble avis, derrière cette foison de contradictions, il y a en filigrane le fait d’assouvir des désirs individuels en contradiction avec l’intérêt collectif que par ailleurs nous mettons en avant.
On veut rouler vite, mais en toute sécurité ; on veut manger bien, bon et bio, mais pour pas cher ; on veut défendre l’environnement mais on jette des masques par terre ; on veut une défense efficace, mais sans priorité budgétaire ; on veut relocaliser l’industrie avec le fabriqué en France ; mais on achète des produits discount importés… et on pourrait multiplier toutes ces contradictions !
Finalement, tout cela ne serait-il pas lié à la nature humaine bien souvent faite de bonnes résolutions accompagnées d’un zeste de couardise ? Comme parfois l’exemple, pour ne pas dire en l’occurrence le mauvais exemple, vient d’en haut, voire de très haut, cela a pour effet d’anesthésier l’esprit de responsabilité. Contre dire, dire contre, tant que cela apporte le ferment si nécessaire et indispensable au débat républicain, comme il se doit, cela va bien. Mais quand on instrumentalise les contradictions les plus grossières uniquement afin de faire son miel sur les peurs et craintes, cela s’appelle le populisme. Flatter l’Ego de chacun, voire les plus bas instincts « dans le sens du poil », cela peut s’avérer payant politiciennement à court terme, mais catastrophique pour le pays à moyen et long terme. Parfois, tout cela ne m’inquiète pas tant pour moi-même, pour nous-mêmes, mais pour les générations futures et, sommes toutes, la crise que nous subissons, les conséquences de cette crise que nous allons subir, vont jouer à certains égards comme un effet révélateur au regard de nos capacités à préparer un monde d’après plus équilibré et moins sujet à mauvaises… contradictions !
Amitiés,
Philippe FOLLIOT