Le billet de la suppléante

S’il y a un domaine qui est passionnant et complexe, c’est le monde de l’entreprise. Alors qu’une consultation est lancée par le Ministre de L’Economie et des Finances Bruno LEMAIRE afin de présenter au printemps une loi appelée « Loi PACTE ou Loi pour la Croissance des Entreprises », le moment est bien choisi, je crois, pour réfléchir et penser à ce qu’est une Entreprise aujourd’hui dans notre pays.

Mon expérience professionnelle me permet de côtoyer un grand nombre de chefs d’entreprise. Sur notre territoire, il ne s’agit pas de « grands patrons », il s’agit de femmes et d’hommes qui un jour ont fait le choix de se lancer dans l’entreprenariat. En 2016, 95% des entreprises comptaient moins de 10 salariés, c’est dire si le réseau de TPE-PME que je côtoie et dont j’évoque ici le parcours est représentatif du réseau d’entreprise qui constitue le premier fournisseur d’emplois en France.

Je vous dis cela car j’ai beaucoup d’admiration pour ces entrepreneurs qui ont un jour poussé la porte d’une banque, mis en caution leurs biens personnels, pour financer soit une START’UP, soit une idée innovante ou encore un rachat de part d’une société en vente ou cédée dans le cadre d’une transmission familiale. Il en faut du courage pour partir au combat des formalités administratives, des défis commerciaux, des enjeux de la RH et des nuits blanches à penser « aux soucis de la caisse » comme nous les appelons. Car un chef d’entreprise est un « salarié » comme les autres, ce qui le nourrit, c’est son travail. J’ai vu des chefs d’entreprise ne pas se rémunérer pour faire tourner leurs boutique, travailler sept jours sur sept, courir après le chèque de règlement ou négocier avec des banques des délais de paiement salvateurs. Mais j’ai aussi vu des visages s’illuminer au vu des premiers résultats positifs, la fierté mélangée au soulagement de savoir que la pérennité des emplois est assurée, et que la qualité du travail fourni est reconnu.

Des baisses de charges et de taxes ont été accordées dans de nombreux domaines, que ce soit pour les sociétés avec les baisses de taux d’IS, mais aussi pour les Travailleurs Indépendants avec des baisses de cotisations, notamment sur les revenus les plus faibles. En même temps, le gouvernement a compris qu’une entreprise a un double ADN, car elle n’est rien sans l’implication de ses collaborateurs. Les pistes évoquées concernant la future loi passent aussi par une réflexion sur le rôle et la récompense des salariés dans la réussite de leur entreprise. Une mue profonde se joue au sein de nos petites structures. Les conflits d’hier laissent la place à la coopération aujourd’hui. Les jeunes chefs d’entreprise doivent maintenant travailler avec des hommes et des femmes investis dans leur emploi, mais en  attente d’un modèle plus souple, plus humain, qui prend en compte le bien être au travail et en-dehors tout autant que la rémunération. Le monde des START UP et la génération Y ont transformé notre approche de la gestion des ressources humaines. Les organisations doivent faire preuve de souplesse et d’agilité, avec des équipes plus flexibles, autonomes et interconnectées, sans oublier la formation continue qui pousse chacun à évoluer et se perfectionner sans cesse.

Ma conviction profonde est qu’une entreprise a sa personnalité propre. Ne parlons-nous pas juridiquement de personne morale. Chacun doit se l’approprier, s’y attacher, mais ne pas oublier que nous n’y sommes que de passage. Mais je suis convaincue qu’une entreprise ressemble aux femmes et aux hommes qui la compose. Le défi à relever pour chacun, chef d’entreprise et salarié, est d’évoluer vers un nouveau modèle. Bien sûr, il convient en premier lieu de faire du chiffre d’affaire et être rentable. C’est basique vous me direz! En effet! Mais c’est à partir de là que nous pourrons ensuite pousser le modèle vers des TPE-PME performantes, sociales et solidaires. Les chefs d’entreprise et les collaborateurs ont des droits mais aussi des devoirs, envers ces « personnalités » qui composent toutes réunies le premier employeur de notre pays.

Le billet de la suppléante