Garde nationale

Les attentats de janvier et novembre 2015 ont entraîné une prise de conscience sur la complexité et la dangerosité d’un monde globalisé où les frontières, face aux menaces terroristes notamment, n’existent plus.

La corrélation entre le chaos de certains pays (Syrie – Irak – Lybie – Yemen…) et le risque d’attentats chez nous est totale.

Je répète inlassablement depuis des années que nous sommes dans un monde toujours plus instable et dangereux, où beaucoup s’arment ou se réarment et que, quand les pays européens consacrent 1% de leur PIB à la Défense (la France un peu moins de 2%), les Etats-Unis 5%, la Russie 7 à 8% et la Chine 10 à 12%, le risque est grand que notre « impuissance » se décline sous la forme du « syndrome de Munich », qui entravera notre indépendance et réduira notre liberté d’action. Toutefois, depuis la fin de la guerre froide, nous devons faire face à des menaces asymétriques bien plus qu’au risque « codifié » d’une guerre classique Etat contre Etat.

Le continuum sécurité – défense est de plus en plus prégnant et mes différents déplacements en OPEX m’ont permis de mieux cerner que c’est en Afghanistan, au Mali, au Niger, au Tchad, au Liban, en RCA… que se joue aussi et surtout notre sécurité. Plus il y aura de zones « grises » de non-droit, bases actives du terrorisme et de la criminalité internationale, plus le risque ici sera élevé.

Pour mieux protéger nos concitoyens, l’Etat doit tout d’abord se doter de plus de moyens (j’ai soutenu l’inflexion positive de l’actualisation de la Loi de Programme Militaire), et surtout faire preuve de volonté et de fermeté. Le renseignement est un élément fondamental et le cadre juridique de la nouvelle loi contre le crime organisé que j’ai votée cette semaine, bien mieux adapté. Au-delà, c’est aussi une prise de conscience collective qu’il faut et plus chacun se sentira concerné, moins la barbarie aura de chances de progresser. C’est, du reste, par la résilience de chacun et de tous que nous pourrons y faire face.

Si je me félicite d’avoir été entendu pour les moyens supplémentaires octroyés à la réserve (voir mon intervention du 4 juin 2015), je pense, au-delà des annonces ministérielles de ce jeudi, qu’il faut aller plus loin. Sans vouloir ressusciter la D.O.T (Défense Opérationnelle du Territoire), rendue caduque par la suspension de la conscription, j’estime qu’il faut que notre pays se dote d’une véritable Garde nationale, dont l’ossature devrait s’appuyer sur les 28 000 réservistes actuels et les 40 000 d’ici 2019, pour lesquels l’augmentation des moyens promis par le ministre de la Défense (77% d’ici la fin 2018) est particulièrement bienvenue et attendue de longue date !

Cet immense « gisement » est d’ores et déjà disponible par volontariat et par obligation selon l’urgence et les circonstances, telle la réserve militaire dite de second niveau (réserve de disponibilité) déjà constituée de 89 000 anciens militaires…

Cette Garde nationale ne doit cependant pas être un corps inspiré de l’Histoire (garde nationale révolutionnaire créée en 1789 et dissoute en 1871) ou d’expériences étrangères (Etats-Unis, Suisse) mais d’un modèle issu de nos propres pratiques, de notre « ADN sécuritaire ». Pour moi, cette Garde nationale qui devrait, le plus rapidement possible, prendre le relais des effectifs classiques de nos armées engagées dans les opérations (OPIN) « Vigipirate » et « Sentinelle » doit reposer sur une mutualisation des réserves existantes. Celle-ci devra notamment se constituer autour de la Réserve de la Gendarmerie nationale, eu égard à sa cohérence opérationnelle et territoriale ainsi que forte de sa longue tradition et de sa mise en application sur le terrain du continuum sécurité – défense.

Des dizaines de milliers de citoyens civils acceptant de consacrer du temps au service de la France et de la sécurité de tous reste la meilleure des réponses à tous ceux qui veulent nous… terroriser !

« Même pas peur » !!!

 

 

Amitiés

Philippe FOLLIOT

Garde nationale