Fardeau

 

Un pays peut-il vivre éternellement à crédit ? Je ne puis dire si cela durera des lustres mais force est de constater que cela fait 45 ans que nous accumulons les déficits budgétaires, sociaux, des pensions toujours, de l’assurance chômage régulièrement… et cela dans une indifférence quasi-générale. Que les choses soient claires, je ne dis pas que tout emprunt est négatif ou choquant en soi. Emprunter pour construire une école, un hôpital ou un porte-avion est légitime car l’utilisation sera étalée sur des décennies mais emprunter comme on le fait pour payer nos fonctionnaires en fin d’année ou une partie de nos frais médicaux pose problème. Pour résumer, un emprunt pour couvrir des investissements d’avenir est normal, un emprunt pour financer du fonctionnement est… irresponsable.

Irresponsable vis-à-vis des générations futures à qui l’on transmet ce lourd fardeau. Malheureusement, ce ne sera pas le seul ; les dettes sont au nombre de quatre :

Le fardeau de la dette publique qui s’élève à 2 762 milliards € (fin du deuxième trimestre 2021), ce qui représente 40 000 euros par habitant. Une famille de cinq personnes à 200 000 euros d’épée de Damoclès sur la tête.

Le fardeau de la dette sociale qui, avec les déficits cumulés de la sécurité sociale, représenterait 34,5 milliards d’euros pour 2021.

Le fardeau de la dette générationnelle avec les déséquilibres constants de nombre de nos régimes de retraites qui pourrait atteindre 113 milliards d’euros entre 2022 et 2030.

Le fardeau de la dette environnementale avec les conséquences des dérèglements climatiques que l’on a du mal à évaluer objectivement.

Comme si cela ne suffisait pas (en tout près de 50 000 euros par personne), voila que s’invite un cinquième larron, la dette Covid et le célèbre « quoi qu’il en coute » présidentiel.

Au début, l’engagement et le soutien de l’Etat, ici comme ailleurs, était légitime et normal ne serait-ce que pour éviter un effondrement total de notre économie. Le choc notamment du 1er confinement fût terrible et les conséquences dramatiques tant sur un plan financier, qu’économique ou social.

Ce choc absorbé, certaines habitudes ont continué et chacun, tout au moins chaque catégorie impactée par la crise, en est allée de sa demande… catégorielle.

Et cela semble continuer, et comme me disent les maires de mon département avec du biaïs (« bon sens paysan ») :  ils s’étonnent que « ce qui était impossible il y a peu, le devient aujourd’hui !! » et « les milliards tombent de partout ». Ils ajoutent : “nous ne sommes pas dupes, cela il faudra bien le rembourser”.

Si nous sommes perfusés à la dette, avec une dépendance compulsive, nous avons un terrible effet d’accoutumance léthargique grâce à des taux d’intérêt historiquement bas qui font que, pour le moment, vous pouvez emprunter plus sans rembourser plus.

Au-delà des édiles de mon département, la question que tout le monde se pose est : combien de temps cela peut-il durer ?

Je me rappelle, en 2007 et 2012, avoir fait campagne pour un certain François BAYROU qui avait courageusement posé et, avant tout le monde, ce problème et cette question d’endettement… En 2017, le candidat Emmanuel MACRON en avait fait de même…Au-delà des thèmes récurrents sur lesquels surfent les populistes, si cette question n’est pas au cœur de la campagne qui s’ouvre, cela veut dire que nous tournerions le dos à la jeunesse, à l’avenir ! Je n’ose l’imaginer…

Amitiés,

Philippe Folliot

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