Philippe FOLLIOT prend part au débat sur l’avenir du secteur industriel de défense

indexJeudi dernier, l’Assemblée Nationale recevait des spécialistes de la défense dans le cadre d’un débat sur l’avenir du secteur industriel de défense et des capacités de maintenance industrielle des matériels. Participant aux échanges, Philippe FOLLIOT a pu questionner Jean-Pierre MAULNY, directeur adjoint de l’IRIS, Eric BRUNE, délégué syndical du groupe GIAT-Nexter Systems et Marwan LAHOUD, président du Conseil des industries de défense françaises. Le député du Tarn, Secrétaire de la Commission de la Défense nationale et des forces armées, a pu récoler l’avis de ces derniers concernant le bilan du Pacte Défense PME mis en place par le Gouvernement il y a deux ans en vue de soutenir les PME et ETI dépendant de l’industrie de la défense. Monsieur BRUNE a pointé les manquements du pacte s’adressant à des sociétés fragilisées par leur faible trésorerie et leur taille  réduite. Remarquant que quand les grands groupes exportent ils n’emmènent pas avec eux le savoir-faire de sous-traitance des plus petits, il a pointé l’insuffisance et l’imperfection des moyens de soutien aux entreprises concernées par ce plan.

Lire son intervention complète ci-dessous :

Monsieur Philippe FOLLIOT. Je tiens tout d’abord à remercier le groupe GDR d’avoir fait inscrire à l’ordre du jour ce débat très important, ne serait-ce qu’au regard de la spécificité et de l’importance de l’industrie de la défense. Face à un déficit commercial total de près de 80 milliards d’euros, le fait que la balance commerciale de notre industrie de la défense soit excédentaire de près de 5 milliards d’euros doit être souligné. C’est aussi un enjeu majeur s’agissant des emplois induits. Il y a deux ans, le Gouvernement a lancé un pacte Défense PME, en faveur des PME et des ETI du secteur. Quel bilan, messieurs, en tirez-vous ? Certains enjeux qui ont trait aux grands groupes sont bien identifiés, s’agissant par exemple du niveau capitalistique, des rapprochements européens ou des grands programmes. Mais il y a aussi de nombreuses PME et TPE qui sont impliquées dans le secteur de la défense. Certaines travaillent exclusivement pour la défense, d’autres s’inscrivent dans un cadre dual. Il nous importe de connaître votre interprétation quant aux résultats concrets de ce pacte.

Monsieur Eric BRUNE, délégué syndical central CGT au groupe GIAT-Nexter Systems. Les grands groupes industriels bien connus ont externalisé beaucoup de leurs fonctions industrielles et s’appuient sur un tissu, et le représentant du patronat pourrait également en parler, de petites entreprises qui irriguent l’ensemble du territoire national. Ces entreprises présentent quelques particularités par rapport aux grands groupes : leurs trésoreries sont plus fragiles et elles n’atteignent pas la taille critique qui leur permettrait de surmonter plus facilement les éventuels à-coups de charges. Dans le contexte économique actuel, les sous-traitants souffrent énormément. Lorsque le ministère a pris l’initiative de ce partenariat – et je rappelle que j’appartiens au groupe Nexter – les grands groupes se sont inscrits dans cette démarche et ont soutenu leurs fournisseurs par différents moyens. Cela étant, la fragilité du tissu industriel des PME est indéniable et la politique des exportations contribue à l’accroître. En effet, lorsqu’on accorde des compensations à l’exportation, la première des conséquences est de ne pas emmener nos sous-traitants nationaux et de trouver sur place des gens pour les remplacer. Soutenir l’ensemble du tissu industriel est donc une bonne chose mais cela se fait dans un contexte de grande fragilité, du fait de la déconsolidation des groupes industriels, beaucoup moins intégrés verticalement aujourd’hui qu’ils ne l’ont été, et du fait de la politique d’exportation massive, qui ne fait pas leur place à des entreprises qui n’ont pas toujours la taille pour nous accompagner. S’agissant des sociétés de projets, j’ai un point de désaccord avec M. Lahoud. Certes, il s’agit d’un véhicule financier assez classique. Dans le civil, il y a en effet des sociétés de leasing, et dans le monde de l’aéronautique, on connaît bien le sujet. Mais là, il s’agit de compenser les deux milliards et quelque qui manquent au budget. On est donc obligé d’envisager cette solution pour des équipements de défense importants, des frégates par exemple. Nous ne nous en sortirons pas en en restant à des moyens de soutien et autres bricoles. Ce serait une grande nouveauté d’avoir une marine qui arme quelques bateaux, quelques avions ravitailleurs ou quelques avions logistiques neufs dont elle ne serait pas propriétaire, car ces engins ont vocation à intervenir dans le cadre d’opérations extérieures : le problème ne se pose donc pas dans les mêmes termes que pour les avions de ligne. Là, on exposerait ces matériels qui ne seraient pas propriété de l’État à des conditions guère assurables, des conditions de guerre. À nos yeux, ce serait bizarre. Quant aux moyens de financer la politique de la France, les parlementaires ici présents sont mieux placés que moi pour en parler. Mais j’ai le sentiment que l’État ne devrait pas mettre en œuvre ces sociétés de projets. Aux parlementaires, ensuite, de dire la politique.

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