LOI  FONDAMENTALE

Le propre de l’élu en général et du parlementaire en particulier, c’est d’agir et de voter non seulement en conscience mais aussi en cohérence.

En conscience car le vote est l’affirmation d’une conviction, d’un choix pour lequel nous avons reçu l’onction du suffrage universel direct, pour les députés, indirect pour les sénateurs, puis en cohérence pour que ce vote s’inscrive dans un contexte mais aussi dans une logique.

Pour moi la Constitution, loi fondamentale érigée pour garantir l’équilibre des pouvoirs et de nos droits , devrait être modifiée comme disait Montesquieu « la main tremblante » et non pas sur le coup d’une émotion du moment, aussi légitime soit elle, aussi passionnée soit elle. 

Ainsi en 2005 je n’ai pas voté favorablement la Charte constitutionnelle de l’environnement qui introduisait le, aujourd’hui controversé,  principe de précaution tout comme je ne l’avais pas fait en 2008 pour la « modernisation des institutions » du président Sarkozy pas plus que je n’aurais voté en 2021 sur la préservation de l’environnement et de la diversité biologique (Tribune publiée dans le JDD – Pourquoi je voterai contre le projet de loi relatif à l’article 1er de la Constitution – Philippe FOLLIOT – Sénateur du Tarn (philippe-folliot.fr) ; Le recul nous a tous permis de constater les problèmes relatifs à ces dispositions louables sur le moment un peu moins ensuite …

 Si nul n’est dupe des calculs politiciens qui ont poussé le président de la République à vouloir faire inscrire l’IVG dans la constitution, pensant ainsi s’offrir un répit dans un quinquennat si mal engagé , nous voyons bien  que ce droit est plus ou moins menacé pas ici mais dans certains pays (Etats-Unis, Pologne, Hongrie) et qu’il est inexistant dans bien d’autres…

Toutefois aujourd’hui aucune formation politique en France ne le remet ni directement ou indirectement en cause. Plus que sur un plan juridique ou politique selon moi le droit à l’avortement peut être, à certains égards, menacé sur un plan pratique du fait de la pénurie  de médecins dans certains  hôpitaux, avec des délais qui parfois s’allongent si dangereusement qu’ils ont pour conséquence d’inquiéter les patientes notamment sur le risque de dépasser le seuil légal autorisé de 14 semaines.

Cet acte chirurgical n’est pas anodin et pour beaucoup de femmes c’est un véritable drame que de l’accomplir, surtout quand le mari ,conjoint ou partenaire , refuse de prendre sa part de responsabilité.

Je comprends très bien le message de celles qui, dans les pas de Simone Veil , veulent aller plus loin dans la reconnaissance juridique de ce droit. Je le comprends parfaitement.  Toutefois si je me suis donc abstenu c’est en pleine conscience, sur  la constitutionalisation d’un droit qui aujourd’hui en France n’est pas politiquement ou juridiquement menacé, mais aussi pour faire comprendre aussi que plus nous modifions notre constitution pour des enjeux notamment sociétaux ou environnementaux, plus nous affaiblissons le socle de notre loi fondamentale.  

Le cadre  juridique, le respect de la vie, la liberté de conscience, autant de valeurs défendues et respectables qui elles aussi doivent être prises en compte dans chaque décision prise et dans chaque vote émis , et ce en pensant aux générations futures. 

Pour autant la démocratie a parlé, la loi du nombre, je dirais même la loi du très grand nombre a très majoritairement parlé et je m’incline avec le plus grand respect devant ce vote qui maintenant nous engage toutes et tous.

Amitiés,

Philippe Folliot

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