Pérégrinations autour d’un mot : CRISE

| 11 MAI 2020 |

Elle se conjugue sous toutes les formes en ce moment : sanitaire au premier chef, économique, sociale et financière à venir. La situation de crise que nous vivons est sans précédents, même si les effets de celle-ci sur un plan économique, social et financier ne sont pas encore très perceptibles. Un pays ne peut donc réellement survivre, et même comme l’a justement dit le Premier Ministre « risque de s’écrouler », s’il reste durablement avec quasiment un salarié du privé sur deux payé par l’Etat dans le cadre de la procédure de chômage partiel. Nous avons un des systèmes les plus protecteurs au monde et il a été largement plébiscité par les entreprises et leurs salariés. Le message de départ des autorités affirmant que face à la crise sanitaire du Covid-19 des mesures seraient prises pour préserver notre système de santé et nos emplois « quoi qu’il en coûte » a été reçu cinq sur cinq, mais maintenant on s’aperçoit que cette crise qui dure coûte beaucoup, et coûte beaucoup trop.

Pour ne pas risquer un effondrement économique généralisé qui conduirait à une concomitante baisse de la demande et une baisse de l’offre nous entraînant dans une spirale récessionniste mortifère, nous devons nous remettre au travail.

J’ai bien conscience que le risque zéro n’existe pas, et nous devons faire confiance au bon sens et au sens des responsabilités des partenaires sociaux pour faire face et proposer branche par branche, entreprise par entreprise, atelier par atelier, les bonnes pratiques qui ne pénaliseront pas de trop la compétitivité mais qui préservent au mieux la santé des salariés. C’est ainsi que l’attitude politisée d’une section d’un syndicat chez Renault-Flins qui sabote la reprise d’activité me parait complètement irresponsable et le parfait contre-exemple.

J’ai déjà eu l’occasion d’écrire il y a peu que l’enjeu pour nous était de ne pas de trop décrocher par rapport à nos partenaires européens, dont l’Allemagne qui est notre premier partenaire, mais force est de constater que nous avons plus utilisé le chômage partiel qu’eux, que la baisse de notre PIB est plus importante ici (-5,6%) que chez nos voisins d’Outre-Rhin (-2%) et que le redémarrage d’activité est plus lent ici que là-bas.

Le déconfinement qui débute aujourd’hui est essentiel pour, bien entendu, retrouver une vie sociale plus normale, pour retrouver quelques libertés fondamentales « confinées », pour retrouver le chemin de l’activité économique, pour retrouver le goût du travail. Ne nous y trompons pas, sans le travail, il n’y a pas de revenus individuels ou collectifs ; la crise que nous allons affronter va être terrible si nous ne sommes pas à même de nous remettre vite et fort au travail.

Cette période d’inactivité a été subie, maintenant la période de redémarrage d’activité en cours doit être voulue. Il faudra faire preuve de souplesse à l’échelle de chaque branche et de chaque entreprise pour pouvoir assez rapidement redémarrer et donc redevenir compétitive. Pour moi, il ne s’agit pas de repartir comme avant. Bien entendu, fervent défenseur depuis toujours du Made in France, et plus particulièrement du label Origine France Garantie, les relocalisations de certaines activités est essentiel pour notre souveraineté, mais aussi pour notre santé (médicaments, masques…) comme l’est le travail sur d’autres enjeux majeurs tels que la transition écologique, l’aménagement du territoire…

Comme après chaque crise, des entreprises fermeront, d’autres se développeront : l’enjeu est d’arriver le plus rapidement possible à l’équilibre du solde afin que le niveau de chômage déjà haut dans notre pays ne se remette à progresser.  

Le mouvement des gilets jaunes a montré, à son début tout au moins, une certaine fracture dans notre société. Si on ne veut pas que celle-ci se transforme en cassure au travers d’une crise sociale majeure, nous avons donc intérêt à maîtriser au maximum la crise économique et les dramatiques conséquences financières sur l’endettement notamment. 

Dans cette situation difficile et compliquée, nous avons malgré tout quelques atouts et plus particulièrement les institutions de la Vème République qui nous protègent d’une crise politique majeure qui viendrait se superposer à celles précédemment évoquées, et c’est un bien inestimable.

J’ai l’intime conviction que dans quelques années, dans quelques décennies, dans quelques siècles, les moments que nous vivons seront analysés comme une rupture majeure. « Crise » veut dire à la fois danger et opportunité. Les graves dangers, nous les avons cernés. Saisissons désormais les opportunités !

Amitiés,
Philippe FOLLIOT

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