Vivre dans la crainte d’une agression, d’un vol, d’un cambriolage, ce n’est pas vivre. Sans sécurité, il n’y a ni liberté de se déplacer, ni liberté de profiter de ses biens, ni sérénité dans les rencontres avec ses proches. Et cette insécurité n’est pas égale : elle ne se vit pas de la même manière à Boulogne-Billancourt, à Lacaune, à la Courneuve ou dans le quartier du Mirail à Toulouse.
C’est une préoccupation légitime de nos concitoyens, et nul doute qu’elle sera au cœur des prochaines échéances municipales et présidentielles.
À l’arrière-plan, le fléau des drogues et de la cocaïne en particulier gangrène nos villes et nos villages, installe des zones de non-droit, alimente des trafics meurtriers et règlements de comptes. Ce constat impose de regarder les choses en face : pour relever notre pays, deux conditions sont impératives et indissociables.
D’abord, faire nation.
Retrouver la fierté de vivre ensemble, restaurer le cadre commun sans lequel il n’y a ni confiance ni avenir. Cela suppose de travailler sur plusieurs piliers pour avoir une approche globale des questions securitaires.
L’éducation: Dès l’école primaire, il faut réaffirmer simplement ce qui est permis et ce qui ne l’est pas. L’école ne peut pas tout, les familles ont aussi leur responsabilité. Certaines communes ont montré la voie avec des programmes d’accompagnement à la parentalité : insistons sur les devoirs autant que sur les droits.
La prévention: Aucun enfant ne doit être abandonné à la rue. Associations, collectivités, clubs sportifs et structures culturelles accomplissent déjà un travail essentiel. Le sport, notamment, est un formidable outil d’inclusion, de santé et de prévention des dérives. L’exemple du rugby dans les quartiers est à ce titre inspirant.
La dissuasion: Elle doit être certaine et visible. Dissuasion « passive » : chaque délit doit appeler une réponse pénale immédiate. Dissuasion « active » : une présence réelle des forces de l’ordre sur le terrain, appuyée par les polices municipales et la vidéoprotection.
La répression: Lorsqu’éduquer et prévenir ne suffisent pas, l’autorité de l’État doit s’exercer fermement. Les multirécidivistes empoisonnent la vie de tous : il faut que la règle soit claire, que la sanction soit effective et rapide.
La réinsertion: La prison ne doit pas être une impasse. La surpopulation carcérale interdit tout angélisme. Les détenus eux-mêmes demandent du travail, des formations, une chance de repartir. Mieux vaut prévenir la récidive que d’ériger toujours plus de murs.
À travers ces leviers, il s’agit de réaffirmer que la sécurité est la condition de la liberté.
Ensuite, changer l’État.
La sécurité ne se rétablira pas par une inflation de lois votées tous les deux ans. J’ai vu défiler des ministres promettant que leur texte serait le dernier mot… et rien n’a changé. Ce dont nous avons besoin, ce n’est pas d’incantations, mais d’une action ferme, constante, décentralisée. Gouverner la France, c’est rapprocher les politiques publiques de ceux qui en bénéficient, dans un nouvel acte de décentralisation fort et clair.
Ces enjeux se lient à d’autres, notamment l’immigration. Là encore, refusons les caricatures. Oui, certains défient la République, et il faut les combattre avec discernement et fermeté. Mais non, tous les étrangers n’ont pas à porter la faute de quelques-uns. La France a une tradition d’accueil, enracinée dans sa culture, ses communes, son histoire. Beaucoup de nos compatriotes d’origine étrangère travaillent, s’engagent, réussissent, et participent à la vitalité nationale. Les rejeter ou les stigmatiser serait une faute.
Faire nation, c’est dire les choses avec franchise, sans céder aux extrêmes. C’est refuser à la fois la complaisance et le rejet, car l’une comme l’autre minent notre République. Faire nation, c’est construire un cadre commun où la liberté, l’égalité et la fraternité ne soient pas des mots, mais des réalités vécues.