On aimait.

«Ma France»
«Notre France» va mal, d’aucuns disait elle va très mal mais le pire n’est jamais sûr ! Car au-
delà de l’ère du quotidien de l’immédiateté, de la surréaction, du factice des réseaux sociaux
et de de la petite phrase provocatrice qui s’attire la complaisance.
Essayons ensemble de prendre un peu de profondeur, de profondeur historique surtout, pour
mieux comprendre le pourquoi «on en est arrivé là ?»
Remontons ensemble le sillon de l’Histoire pour remonter le fil du temps jusqu’à une autre
période tout aussi trouble, difficile, charnière de l’Histoire de notre pays. Je veux bien entendu
parler de la Révolution française pour laquelle nous aurons le grand historien Jules Michelet
pour éminent guide.
Nous sommes en juin 1791 à Paris au palais de la Monnaie, dans un salon, celui de M. de
Condorcet, l’illustre secrétaire de l’Académie des sciences, salon que certains contemporains
désignaient comme «foyer de la République».
« Le caractère de cette époque, c’est que les partis y deviennent des religions. Deux religions
se posent en face, l’idolâtrie dévote et royaliste et l’idolâtrie républicaine… Les femmes, moins
gâtées que nous par des habitudes sophistiquées et scolastiques, marchent bien loin devant
les hommes dans ces deux religions. Il est une chose noble et touchante, de voir, pour elles,
non seulement les purs, les irréprochables, mais les moins dignes même, suivre un noble élan
vers le beau désintéressé, prendre la patrie pour amie de cœur et pour amant le droit éternel ».
Plus loin, il ajoute : « Nous avons vu, nous, jour des actes extraordinaires, d’d’admirables
sacrifices […]
La différence des deux temps se résume d’un mot : on aimait »
Les deux époques, vous l’auriez compris, c’était celle qu’il relatait, juin 1791, et celle où il
écrivait ces lignes, fin de la monarchie de Juillet, vers 1847-1848. Pourrions-nous reprendre
la logique de Michelet, non pas pour cette période pré-révolutionnaire qui allait engendrer la
IIe République, mais pour aujourd’hui : 2025 ?
Aime-t-on encore ? On n’aime pas son roi, ni sa famille, ni sa communauté (personnelle,
spirituelle ou professionnelle…), et même dans certains cas on n’aime pas des idées, des
principes, voire des valeurs… Pourtant collectivement sommes-nous toujours capables, ici et
maintenant, comme ses héroïnes de la Révolution, de suivre « un noble élan vers le beau
désintéressé, prendre la patrie pour amie de cœur, pour amant le droit éternel ?»
Aime-t-on la France ? Faisons-nous Nation ?
Cette idée me taraude depuis déjà un bout de temps, pour tout vous dire, elle m’obsède
presque. J’ai peur que l’individualisme roi auquel je faisais allusion plus haut, la juxtaposition
des « j’ai droit » car « je veux » cumulée avec cette insatiabilité de la tyrannie de l’instantané,
« j’ai droit maintenant » et « je veux tout de suite », nous entraîne dans des voies chaotiques.
Nous le voyons aujourd’hui avec par exemple, le nombre d’incivilités ou les d’agressions dont
sont victimes nos valeureux élus locaux.
Très régulièrement, je partage de riches et instructifs moments d’échanges avec les maires et
élus de mon si cher département du Tarn. Souvent nous faisons le constat susmentionné et
partagé, mais nous voyons aussi poindre des comportements qui ont pour conséquence de
remettre en cause le bien vivre ensemble, voire remettre en cause les principes et fondements
mêmes de notre démocratie.
Sur un autre plan, la céssité collective par laquelle nous arrivons à une coupable irresponsabilité
intergénérationnelle en sacrifiant l’avenir pour le présent est tout aussi scandaleuse.
Ainsi nous nos enfants et surtout petits enfants quand nous leur léguons quatre dettes,
celle des comptes publics, celle des comptes sociaux, celle des caisses de retraite, celle
environnementale.
Rééquilibrer nos comptes avant qu’une sanction des marchés financiers par une dramatique
hausse des taux d’intérêt nous tombe dessus est une ardente obligation.
En fait nous arrivons au bout du bout du système et ce au pire moment, celui où nous sommes
englués dans une situation politique délétère, un gouvernement fragile en sursis, sans majorité
de responsabilité à l’Assemblée et le tout dans un contexte international tout aussi délétère qui
nous oblige maintenant à faire des efforts pour l’assurance vie de la nation, qui est la défense
que hier par facilité nous avons de trop délaissée.
Dire qu’en 2017 je me suis très tôt engagé pour un candidat devenu président de la République
sur un programme de rétablissement de comptes publics ! « Faute avouée… ».
On peut multiplier les constats en la matière et vous verrez plus loin, plus particulièrement
tout au long de ces cinq dernières années avec constance et détermination, je n’ai jamais
manqué d’alerter sur la réduction mais aussi d’esquisser des solutions.
Au début de mon propos, j’écrivais « le pire n’est jamais sûr » et je rajouterai aussitôt : avec
la France, le pire n’est jamais sûr.
Face aux tourments de l’Histoire, nos anciens ont su relever des situations ô combien
difficiles… comme en juin 1940. Quand nous étions au fond de l’abîme et qu’une lueur
d’espoir, une voix d’espoir depuis Londres raviva face à la barbarie nazie, la flamme de
l’espérance en la France, en un avenir meilleur, souverain et indépendant, pour la France.
Faute d’un nouveau de Gaulle pour relever le flambeau de la nation chancelante, nous
devons apporter dans un premier temps des contributions utiles et constructives au débat
d’idées, si nécessaire pour trouver la voie !
Une voie salutaire qui, si ce n’est nous guider vers des lendemains qui chantent, tout au
moins nous portera vers des chemins qui changent.
Se diriger dans cette direction est nécessaire et impérieux.
Vous êtes témoin que dans ces textes j’apporte une modeste mais claire contribution pour
mener tout un chacun vers celle-ci. Bien sûr, j’ai aussi déjà maintes fois fait le constat que tout
n’est pas négatif et à jeter dans notre pays, nous avons de nombreux atouts : d’une bonne
qualité de vie à celle d’infrastructures qualitatives, de la volonté d’une partie de notre jeunesse
à celle d’une bienveillance d’une partie de nos aînés, d’une dynamique de nombre de nos
PME à celle de nos stratégiques grands groupes, d’une France continentale et européenne à
celle d’une France maritime et mondiale…
Pour moi, le plus éclatant symbole, la France peut encore relever d’immenses défis telle la
parenthèse enchantée des Jeux Olympiques où la ville lumière a ébloui le monde et ou la
France a surpris le monde.
Moi qui, par mes fonctions de commissaire aux affaires étrangères et à la défense du Sénat
et membre d’organisations internationales (A.P. OTAN) j’ai régulièrement eu l’occasion d’aller
à l’étranger, ainsi je puis faire mien l’adage : “quand je me vois je me désole, quand je me
compare je me console.”
Oui assurément, l’herbe n’est pas toujours plus verte ailleurs, surtout en ce moment !
Aussi, aimons-nous les uns les autres !
Soyons révolutionnaires, aimons la France, et tous les rêves seront permis.


Amitiés, Philippe Folliot

On aimait.