Le Caucase compliqué !

« Vers l’Orient compliqué je volais avec des idées simples » : ainsi s’exprimait le chef de la France Libre, le Général De Gaulle en 1941. Le Caucase, cette région située entre Mer Noire et Mer Caspienne, en est une symbolique illustration. Rentrant de Batoumi, en Géorgie, pour un séminaire de l’AP-OTAN intitulé « Géorgie et Mer Noire, un nouvel ordre géopolitique », j’ai pu participer à de passionnants échanges sur la réalité et la complexité de la situation et des relations dans cette partie du monde.

Tout d’abord, il y a la géographie. Le Caucase est un massif montagneux qui culmine à plus de 5000 mètres, et cette réalité topographique pèse lourd car les communications n’y sont pas aisées et les logiques de plateaux et vallées nombreuses.

Il y a l’histoire, l’Arménie se revendique comme premier Etat Chrétien du monde dès le IVe siècle, la Géorgie est aussi majoritairement chrétienne alors que l’Azerbaïdjan et les Républiques autonomes russes du sud-Caucase sont à majorité musulmanes. L’enchevêtrement est total car il y a des minorités des uns chez les autres et vice-versa.

Le droit international y est bafoué et les frontières non-respectées, avec notamment la situation du Haut-Karabagh, pomme de discorde entre azéris et arméniens, ou les pseudos Républiques d’Ossétie du sud et d’Abkhazie en territoire géorgien mais de fait sous contrôle russe…

Avec le jeu des puissances régionales, Russie bien sûr qui du temps de l’URSS « contrôlait » tout cela, mais aussi la Turquie et l’Iran sans parler du rôle de l’Union Européenne et des Etats-Unis ou celui de plus en plus fort de la Chine, dont une des routes de la soie doit passer par là, vous comprenez que se trouvent ici réunis tous les ingrédients pour une déflagration majeure.

Comme il n’y a pas de solutions, je ressens qu’au-delà des revendications et postures, il y a un consensus de fait pour que les conflits soient gelés par un improbable statu quo, le temps devant faire son œuvre pour pacifier les choses. En fait, je pense qu’il ne faut désespérer de rien : comme en leur temps français et allemands ont su faire la paix pour construire l’Europe en commençant par l’économie, la voie pour cette région est peut-être tracée. A titre d’exemple, suite à la guerre de 2008, Russie et Géorgie n’ont plus de relations diplomatiques alors qu’un million de russes vont tous les ans en vacances en Géorgie, il est vrai ex-République soviétique terre de naissance de… Staline !

L’échange et le dialogue sont des éléments importants de compréhension et si l’OTAN est avant tout une Alliance à vocation militaire, son Assemblée Parlementaire y joue un rôle précurseur en matière politique et de diplomatie parlementaire, et c’est là sa justification première.

« Je reviens de l’Orient compliqué avec une idée simple : plus que jamais pour la paix il faut plus encore dialoguer et échanger ».

Amitiés,

Philippe FOLLIOT

Le Caucase compliqué !